Prattseul : itinéraire d’un ancien oiseau de nuit

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Prattseul est un artiste polyvalent à l’univers musical marqué d’influences rétro. Pour en savoir plus sur son parcours, Toulouse Magazine est allé à sa rencontre…

Direction, le café Concorde. En cette fin d’après-midi, chacun joue des coudes pour obtenir une table : étudiants du quartier, retraités moustachus habitués des lieux, romancier en dédicace, tous se sont donné rendez-vous dans ce café populaire. A l’intérieur, les banquettes de velours s’accordent aux tables marbrées, alors que les affiches de films vintage se mêlent aux miroirs piqués par le temps. C’est dans ce décor au charme désuet qu’apparait Prattseul, les cheveux en bataille et l’œil rieur, prêt à se confier à nous jusqu’à la tombée de la nuit.

Entre la vie d’artiste et une carrière d’ingénieur, il a fallu choisir : pour Prattseul, ce sera la musique

Tout commence dès l’adolescence où le jeune Simon Tirel (pas encore dénommé Prattseul) commence à plaquer ses premiers accords avec entre ses mains, une guitare prêtée par son cousin. Côté influences, ses oreilles se régalent des riffs tranchants des Strokes, des textes bagarreurs de Kasabian et des mélodies électriques signées Arctic Monkeys. Mais c’est au travers du chant que le lycéen tarnais se fait repérer pour intégrer un petit groupe de la région. Après quelques mois de répétitions et de concerts donnés à l’occasion de soirées privées, le groupe décroche une première expérience sur la scène du Bolegason.

Simon Tirel quitte finalement Castres pour la ville rose. Dans les nuits toulousaines, à la recherche de larsen et de décibel, il découvre notamment des lieux électriques comme le Saint des Saints et la Dynamo. Pour remonter sur scène, il enchaine les projets, accumule les expériences musicales : « chacune de ces étapes a été formatrice et m’a permis de m’élever ». Mais très vite, entre la vie d’artiste et une carrière d’ingénieur, il a fallu choisir. Ce sera la musique. Fort de quelques bons morceaux dans son répertoire, l’artiste est invité à jouer aux iNOUïS du Printemps de Bourges en 2020. Il fait alors une rencontre décisive, celle de Clément Libes, musicien et réalisateur, avec qui il va créer le label La Tanière. S’ensuit une collaboration avec Ulysse Maison D’artiste grâce auquel l’artiste se produit aujourd’hui.

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Prattseul, un drôle de nom d’oiseau

À la question « Prattseul, qui êtes-vous ? », le chanteur répond en esquissant un sourire : « Je me suis beaucoup posé la question. Garder mon propre nom me limite dans un certain imaginaire. Avoir un nom de scène me permet de rester qui je suis tout en allant plus loin, en soulignant notamment certains traits de ma personnalité. Avec Prattseul, je peux créer un monde et cela me donne une sorte d’ivresse sobre ».

Pourquoi Prattseul ? « Seul » parce que c’est un projet solo. Quant à « Pratt », cela fait référence au créateur de Corto Maltese que l’artiste admire, tant pour le charisme du marin aventurier que pour l’aspect graphique de ses œuvres. Au-delà de la signification du nom, Prattseul est un personnage aux références multiples : Willy Wonka, Naruto, Sasuke et plus largement les anti-héros un peu loosers et maladroits, gaffeurs et rêveurs. « J’aime la folie douce. Dans Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, la jeune fille se demande si elle est folle. On lui répond que oui, probablement, mais que la plupart des gens exceptionnels le sont. S’autoriser à être fou devrait être normal ».

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Des influences musicales mais aussi cinématographiques

S’il explique que son objectif initial est de s’exprimer tout en dépassant certaines frontières, il apprécie aussi interagir avec son public : « Je voudrais partager modestement ma vision du monde. J’aime écrire des chansons comme des histoires dans lesquelles les gens peuvent s’évader ; faire aussi travailler l’imaginaire, la curiosité. Je cache souvent des choses dans les clips et même dans les chansons. Parfois il y a deux mots collés qui en forment un troisième. J’aime le côté surprise ». Pour nourrir cela, il puise dans l’univers des mangas, de la science-fiction mais aussi des films de Wes Anderson : « J’adore la poésie dans ses images et le fait de créer dans l’espace réel quelque chose de magique ». Ses chansons invitent donc le public à prêter une oreille attentive comme c’est le cas dans ses concerts : « C’est un peu comme si j’invitais des gens chez moi et que je les recevais comme des amis. Je veux mettre les gens à l’aise mais je peux aussi jouer des tours car ils sont un peu sur mon terrain de jeu et cela m’amuse ».

Malicieux, le chanteur n’en oublie pas pour autant ses rêves d’enfant et n’hésite pas à les verbaliser pour leur donner, peut-être, la chance d’exister : « J’ai envie d’avoir une carrière comme celle de David Bowie. Je sais que ce n’est pas possible, que c’est un rêve. Mais si je le dis, cela permet de le faire exister et se projeter extrêmement loin permet d’arriver au-delà de ce que l’on aurait pu faire. C’est le chemin qui est important, qui permet de débloquer les choses, d’engager une dynamique : rêver son rêve et le vivre ».

Lucide et rêveur à la fois, Prattseul poursuit son aventure musicale dans un univers singulier et décalé, le sien.

Un article de Angélina Landes avec la complicité de Stephane Reynier

Pour en savoir plus :
Prattseul – article
Ulysse – site web

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