À l’occasion du festival Rio Loco, la chanteuse d’origine comorienne Imany partagera les vibrations de son dernier album intitulé Voodoo Cello sur la scène du Pont Neuf. Véritable performance musicale qui mêle influences vaudou et souvenirs d’enfance, son album est assurément authentique et original, à son image. Pour magnifier sa voix grave et suave, huit violoncelles l’accompagnent dans un répertoire composé de morceaux revisités par la chanteuse. Pour en savoir plus, Toulouse Magazine a rencontré Imany afin de recueillir quelques confidences d’avant concert.
Comment avez-vous choisi les chansons originales de l’album Voodoo Cello ?
Ce projet s’est construit au fil de mes découvertes musicales. Au départ, je me suis laissé guider par des coups de cœur, des mélodies et des titres qui résonnaient en moi. Prenez « Total Eclispe of the Heart » de Bonnie Tyler : cette chanson me faisait clairement vibrer depuis longtemps. Dès les premières écoutes, je savais déjà ce que j’allais en faire. J’ai aussi choisi des titres dont je pouvais défendre les textes comme si je les avais écrits moi-même. Ensuite, il fallait nécessairement que la mélodie corresponde à ma voix mais aussi aux violoncelles qui m’accompagnent.
Évidemment, le but n’était pas de faire un simple album de reprise. Les Américains parlent plutôt de « tribute album », appellation que je trouve quand même bien meilleure. Disons que Voodoo Cello est plutôt un album qui rend hommage aux chansons plus qu’aux artistes.
Dans cet album, toutes les chansons sont en anglais sauf une : « Les voleurs d’eau » signée Henri Salvador.
C’est une chanson vraiment magnifique, restée plutôt méconnue du grand public. Ses paroles sont fortes et engagées, elles correspondent à mes convictions personnelles s’agissant de la cause environnementale. Je me sentais donc de les défendre. À vrai dire, je cherchais depuis longtemps un prétexte pour la mettre à l’honneur. Après quelques arrangements, elle trouve désormais une place toute légitime dans Voodoo Cello.
Que disent de vous vos albums et en particulier le dernier qui est assez marqué par les forces obscures et les esprits ?
Mes projets musicaux représentent les étapes de ma vie. Le premier album (The Shape of a Broken Heart – ndlr) correspondait à mes préoccupations lorsque j’avais 20 ans. Il répond aux questions que je me posais sur ce que j’allais faire plus tard, si j’allais avoir des enfants, trouver un mari… On entre à ce moment-là dans la vie d’adulte tournée vers l’extérieur. Le second album intitulé The Wrong Kind of War est beaucoup plus mature. A l’âge de 30 ans, j’ai commencé à m’affirmer, à comprendre que les forces étaient en réalité à l’intérieur de moi. Pour Voodoo Cello, la démarche est toute autre. C’est un album qui dit « je suis capable ». Dans cet élan, j’ai réalisé, arrangé et même dirigé ce projet sur scène avec des instruments à cordes tout en restant fidèle à mes principes et mes valeurs. J’ai d’ailleurs l’impression que la seule façon de se sortir de ce que j’appelle la démagogie musicale est de rester soi-même.
Le violoncelle est un instrument mystique, magique, ancestral et pourtant on peut avoir l’impression en écoutant l’album qu’il peut sonner comme une guitare électrique, un orgue, voire même le cri d’un animal coincé à l’intérieur.
Quant au titre, je voulais un nom d’album explicite et qui fasse sens. Voodoo Cello rappelle le titre Voodoo Child de Jimmy Hendrix. J’ai puisé dans les sonorités des violoncelles des tonalités vaudou que j’ai ensuite cherchées à enrichir. J’ai donc fait des recherches sur cette religion et les musiciens et moi avons travaillé en ce sens jusqu’à créer notre propre rituel.
Vous serez bientôt à Toulouse dans le cadre du festival Rio Loco.
Oui, cela a été possible grâce au programmateur qui a osé défendre mon projet et je l’en remercie. C’est à la fois courageux et généreux de sa part car mon spectacle est assez unique en son genre, tant pour le public que pour moi. J’ai vraiment hâte de présenter Voodoo Cello sur la scène toulousaine.
Un article de Angélina Landes
Pour en savoir plus :
Imany sera le 18 juin 2023 à 21h45 sur la scène du pont Neuf dans le cadre du festival Rio Loco.
Imany – site web
Rio Loco – site web
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