Début de soirée au festival Rio Loco. Pendant que les nuages barbottent dans le ciel au-dessus de la Garonne, la Prairie des Filtres s’anime à mesure que jaillissent les premiers décibels. Un flot de festivaliers converge vers la scène, arborant un enthousiasme certain : direction le concert de Cocanha.
Cocanha est un duo de voix, un quatuor de mains, un vaisseau musical poussé par l’énergie d’une marée montante. Parfait pour ce début de festival. Les deux capitaines, Caroline Dufau et Lila Fraysse, commencent par faire le tour de l’équipage : dès le premier morceau, elles donnent la cadence. Devant elles, parmi le public venu nombreux, se distinguent deux catégories de personnes. D’un côté les connaisseurs, malicieux et aguerris, qui n’en sont pas à leur première aventure avec Cocanha. De l’autre, les curieux. Eux, ne se doute même pas de la tempête musicale (et dansante) qui les attend. Mais n’allons pas trop vite. Pour le moment nous sommes à quai, toujours amarré en bord de Garonne.
Cocanha, un navire musical battant pavillon occitan
Les morceaux s’enchainent et l’on commence à ressentir les premiers clapotis. Dans le public, certains tapent des mains, d’autres des pieds. La foule se met en mouvement sans même s’en rendre compte. Puis Cocanha donne de la voix, tantôt engageante, tantôt militante ; il n’en fallait pas plus aux spectateurs pour répondre à l’appel. Le mouvement se transmet en rythmes, en vibrations et en musique. Une poignée de flibustiers habitués aux bals populaires, s’engage alors dans une danse où chacun tient son prochain par la main, la taille ou les épaules. La joyeuse guirlande serpente dans le public, emportant tout sur son passage : inutile de résister, nous voici déjà avec eux. Sur la scène, les voix des deux capitaines encouragent l’expression spontanée des danseurs et enchainent les morceaux aux phrasés hypnotiques. En ce premier jour de festival, la vague Cocanha déferle sur le Rio Loco…
Texte et photographies de Stephane Reynier.